Comme à son habitude, Zéphyr n’avait sorti que les chevaux qui ne travaillaient pas ce matin afin d’éviter aux cavaliers un aller-retour inutile jusqu’aux pâtures. Une fourche à la main il traversait le couloir des écuries pour passer d’un box à un autre afin de les nettoyer.  
L’allée était déserte, la plupart des cavaliers préférant monter l’après-midi. La matinée était sans conteste le moment préféré du brun qui pouvait profiter d’un peu de calme sans avoir à paraître aimable.
Après plusieurs semaines passées aux écuries du Centaure, Zéphyr commençait à vraiment prendre ses marques. Il appréciait de plus en plus être ici et ses tâches quotidiennes lui donnaient l’immense satisfaction d’être utile, voir nécessaire. Chaque jour lui réservait son lot de surprises, il devait sans cesse s’adapter au bien-être des animaux mais aussi, à son grand désarroi, au planning de chaque cavalier. D’ailleurs, jusqu’ici l’irlandais avait été relativement préservé et n’avait rencontré qu’une poignée d’élèves sans jamais s’attarder avec aucun d’eux.

Les talons d’une paire de boots vinrent troubler sa quiétude mais Zéphyr ne releva pas la tête de la paille du box dans lequel il était pour saluer l’inconnu qui s’aventurai par ici si tôt.
Le cliquetis caractéristique d’un filet se fit ensuite entendre puis, la porte d’un boxe s’ouvrit non loin de lui. « Aller hop ma grande, on va se réveiller en balade, tu vas adorer. » dit voix une voix féminine.
Curieux, Zéphyr passa la tête hors du box. Il s’agissait d’une jeune femme blonde s’adressant à Gwrac'h une petite jument alezane qu’il appréciait particulièrement.

Attendant quelques instants, le jeune palefrenier décida de faire quelques pas en direction du box de l’alezane. Il entendait la paille sous les pieds de la cavalière qui paraissait mettre beaucoup de temps pour enfiler un simple filet à sa monture.
« Bonjour. » lâcha-t-il plus sèchement qu’il ne l’aurai voulu. Il se plaça dans l’espace laissé libre par la porte ouverte. Ne parvenant pas à cacher son irritation, l’irlandais soupira en voyant la blonde peiner à harnacher Gwrac'h. « Un coup de main ? » se décida-t-il à demander après l’avoir observé quelques secondes.
Ce spectacle confortait le jeune homme dans ses aprioris négatifs sur les cavaliers de l’académie qui n’étaient pas si émérites qu’ils aimaient le croire et le dire ; certains méritaient visiblement de redescendre sur Terre.

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L'agacement de la blonde ne faisait aucun doute pour Zéphyr qui analysa rapidement la situation : impatiente la cavalière de Gwrac'h s'était précipitée pour harnacher sa monture mais celle-ci ne voyait pas la chose de la même manière. L'alezane tirait son encolure au plus haut, rendant vains tous les efforts de sa cavalière pour l'harnacher.
Le palefrenier ne parvenait pas à comprendre la précipitation dont pouvait faire preuve certains cavaliers. Comme si leurs montures devaient se plier à leurs désirs quels qu’ils soient.

« Oh non ça ira, je verrai ça avec elle plus tard, ce n'est visiblement pas le moment. » répondit la jeune femme en baissant les bras au sens littéral comme au sens figuré. Cette réaction s’expliquait certainement par un sentiment de honte, la blonde ne supportant pas l’idée de s’avouer vaincue.
Cette réaction ridicule termina d’irriter l’irlandais qui ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel en soupirant à nouveau. Après tout elle pouvait bien se débrouiller toute seule si elle se croyait si maline. « Comme vous voulez ... » lâcha alors mollement Zéphyr en posant un regard désolé sur la jument qui semblait maintenant plus calme. Il resta un moment à scruter tour à tour Gwrac'h et sa cavalière se promettant de mettre la jument dans son paddock dès le départ de la blonde.  

Avant de partir l’irlandais ajouta : « Vous êtes sûre ? » Il posait la question d'avantage par politesse que par envie d’offrir son aide à la jeune femme qui ne lui laissait pas une bonne première impression. « On s’entend bien G et moi en général ...  » précisa-t-il en montrant la belle fauve du doigt.

Alors que Zéphyr s'apprêtait à tourner les talons il s’adressa une dernière fois à l’inconnue, moins sèchement : « Si vous réessayez calmement dans un petit moment ça ira peut être mieux .. », il ponctua sa phrase d’un haussement d’épaules innocent qui se voulait sympathique.

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